À l’école Saint-Christophe, trois classes de maternelle mélangent des enfants de 3 à 6 ans. On y applique largement la pédagogie Montessori, sans en avoir la reconnaissance officielle. Les apprentissages font la part belle à la manipulation, en s’attachant au rythme de chaque élève.
La classe de Mme Caroline mêle des enfants d’âges différents. Les élèves vont et viennent librement, autour d’ateliers qu’ils ont choisis. Scolarisés dans une classe dite « multi-niveaux », ils ont entre 3 et 6 ans. « Tous les enfants avancent à un rythme différent, explique Caroline Cloet. On voulait vraiment faire une pédagogie qui s’adapte à chacun. » Avant, elle n’avait qu’une classe de petits, « mais les enfants de 3 ans n’apprennent pas tous la même chose, en même temps. »
« On prend chaque enfant là où il est, et on l’emmène là où il peut aller. » Désormais, sa classe compte dix petits, sept moyens et huit grands, soit 25 élèves. Le principe : « Je leur présente l’atelier, ensuite ils peuvent s’entraîner et je valide. J’avance en fonction de leurs besoins et de leur évolution. On prend chaque enfant là où il est, et on l’emmène là où il peut aller. On ne s’arrête pas aux attendus de fin de maternelle. Si un enfant est prêt à aller au-delà, on y va ensemble. »
C’est la troisième année que cette « ambiance Montessori » est commune à trois maternelles. « Cela leur apporte beaucoup d’autonomie et de responsabilité, constate-t-elle. Les grands sont beaucoup avec les petits, qui observent énormément. » Quant aux parents, « ils ont vu une grande différence, notamment au niveau des fratries. » Un livret de suivi est donné aux familles, à chaque période de vacances.
Les enfants peuvent refaire le même atelier à l’envie. Et en tant qu’enseignante, elle dit mieux connaître ses élèves avec cette méthode. « On prend nettement plus de temps avec eux, de manière individuelle. Quand on présente un atelier, c’est un temps privilégié, avec un ou deux enfants, pas plus. »
Cette pédagogie fait la part belle aux manipulations. « Il y a des ateliers partout, je ne travaille pas sur fiche. Les seules activités sur papier que nous faisons, c’est le cahier de vie, ou pour décorer la classe. Tout ce qui est arts visuels. » Cette méthode Montessori, qu’elle a impulsée, lui a demandé de revoir sa façon d’enseigner. « Je travaillais déjà beaucoup avec des jeux, mais c’est une posture différente. J’ai gagné en sérénité, car on est moins en train de courir après les groupes. Si on n’a pas fini dans la journée, on termine le lendemain. Généralement, on veut que les enfants fassent des activités. Là, ils ont le droit de ne pas vouloir faire, à un moment donné. »
Dans la classe, les enfants plus âgés aident les plus petits.
Dans la classe, le silence n’est pas de mise. Autour des ateliers, « on a l’impression qu’ils jouent, mais en même temps ils travaillent le langage et la relation entre eux. Donc c’est très important. » Pour autant, « les enfants ne font pas n’importe quoi, il y a quand même un cadre. On leur fait confiance, et ils sont vraiment acteurs de leur apprentissage. »